La Licorne

La Société des Hispanistes Français de l'Enseignement Supérieur a tenu son XXVIIe Congrès à Poitiers les 24, 25 et 26 mars 1995. Les 24 communi-cations, prononcées par des chercheurs venus de tout l'hexagone, ont nourri ces journées de réflexion et d'échanges sur le thème de « la ville dans le monde ibérique et ibéro-américain ». Les déchirures que 1492 peut encore susciter font de cette date le confluent des identités et des mémoires des peuples hispaniques dans leur ensemble. Les traces laissées par les trois cultures traditionnelles de l'Espagne (catholique, juive, musulmane), auxquelles il convient d'ajouter la culture aborigène, perdurent, aussi bien dans le tissu des villes que dans les archives, les mémoires orales et, bien sûr, les textes. Le repérage d'événements historiques privilégiés et leur mise en parallèle avec des « lieux de mémoire » fait l'objet d'un renouveau scientifique indéniable, dont la série Les France, dirigée par Pierre Nora, offre peut-être le meilleur exemple. Ces passés enfouis, refoulés ou imaginés, qui constituent une partie intégrante des identités contemporaines, ont été étudiés par les différents chercheurs depuis des perspectives méthodologiques souvent complémentaires. Le congrès se voulait en effet (comme l'indiquait son sous-titre « Espace-Mémoire-Pouvoir ») pluridisciplinaire. Le domaine littéraire a constitué le deuxième grand axe de recherche. Le rapport complexe que la fiction littéraire entretient avec le référent crée aussi bien un espace du texte qu'un espace référentiel ou imaginaire dans le texte. Les récits de voyage, les mémoires, les poèmes et les fictions se sont ainsi côtoyés dans la reconstruction (par les immigrants de toutes origines) des villes abandonnées ainsi que dans l'évocation des contrées américaines nouvellement découvertes, ou des cités impériales. Quelques intervenants ont choisi de s'attarder sur la ville mythique, la ville rêvée, telle qu'elle peut surgir comme palimpseste d'autres villes.