La Licorne

Les travaux sur la voix sont nombreux, ce qui n'est pas surprenant, s'agissant d'un universel anthropologique. Ils sont nombreux, parce que les discours sont nombreux, témoignant chaque fois de la situation d'une notion dans l'histoire. S'il fallait caractériser le propre des réflexions contemporaines sur la voix, on le verrait peut-être moins dans une tentative de configurer l'objet lui-même, en tant qu'objet de savoir, que dans la recherche du statut épistémologique d'une notion qui travaille transversalement le champ de ce qu'on appelle les sciences humaines. Ce qui se modifie, c'est donc moins un savoir sur la voix, que le rapport entre la voix et un travail critique élaboré à partir de cette notion.En lisant les études rassemblées dans ce volume, on s'apercevra que la voix, en même temps qu'elle est l'objet d'une pensée issue d'un champ de recherche particulier, est souvent l'outil d'une heuristique. Il semble alors que quelque chose doive passer par la voix, par l'interrogation de la notion de voix, comme moment nécessaire à la pensée du spécifique, et cela, quelle que soit la « discipline ». A partir d'une réflexion contemporaine sur la voix, il y a donc à entendre, dans ce qui est dit de la voix, ce qui se pense par cette réflexion même, ce mouvement qui fait de la voix un objet de réflexion chaque fois particulier, en même temps qu'un véritable opérateur de pensée.Il est significatif que la plupart des études rassemblées dans ce numéro mettent en relation la voix et le silence. Il s'agit, en écoutant la voix, d'écouter le silence dans le langage, comme si le savoir sur la voix ouvrait nécessairement sur la connaissance de ce qu'on n'entend pas ordinairement dans l'écoute de l'humain.Les domaines concernés par cette tentative de penser la voix sont ceux de la psychanalyse, de la psychologie clinique, de la poétique, du théâtre, de l'histoire des représentations, de la communication, de la musique, et de la peinture.