Le Caprice

Un caprice est une œuvre poétique, picturale, gravée, musicale ou architecturale, voire cinématographique dont le nom semble indiquer qu'elle ne se soumet pas aux règles en usage et qu'elle procède au contraire du génie – entendu comme un talent mais aussi une disposition humorale ou physiologique – que son auteur s'attribue ou auquel il se réfère, de la Renaissance à aujourd'hui. À l'intérieur des formes d'expressions capricieuses, entre le XVIe et le XXe siècles, d'un auteur à l'autre, d'une culture à l'autre, rien ne semble indiquer qu'un caprice puisse ressembler à un autre caprice. Pour autant, du fait de son origine psychologique qui paraît indiquer que le caprice manifeste la singularité d'un sujet et de sa production, et vue la diversité des entreprises capricieuses – idiomes artistiques différents, périodes, nationalités, univers culturels différents, etc. –, n'est-il pas possible d'envisager une cohérence entre tous les caprices que l'on rencontre au fil de ses pérégrinations artistiques ? Peut-on vraiment produire une œuvre en s'affranchissant de toute règle ? L'absence de règle, le dérèglement improvisé de la composition artistique, quelle qu'elle soit, caractérisent-ils tous les caprices ? Et, du même coup, existe-t-il des invariants qui permettraient de définir ce genre, si c'en est un ? En somme, qu'est-ce que nommer une œuvre caprice ? Il est sans doute possible de s'interroger sur une sorte d'hyper-généricité du caprice, au sens où celui-ci transcenderait le temps et l'espace, ainsi que les frontières entre les arts, et manifesterait dans toutes ses apparitions une forme d'homogénéité dans l'invention et la réception qui en est faite ou attendue.