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Li(v)re – Cette Pratique
Fragments d’une lecture inachevée des deux premières Branches du Grand incendie de Londres1
Par Pascaline MOURIER-CASILE
Publication en ligne le 24 mars 2006
Table des matières
Texte intégral
1Le livre publié en 1989 par Jacques Roubaud sous le titre Le grand incendie de Londres convoque en son premier chapitre, avec une particulière insistance, la figure fictive du « lecteur ». Ces cinquante premières pages (commencement, pour le lecteur réel de lire ce qui lui est explicitement pro-posé (posé, noir sur blanc, devant ses yeux sur la page) par le scripteur3 comme un « commencement d’écrire », p. 29) décrivent le protocole très précis, les « conditions d’une expérience […] de prose » (p. 14). C’est-à-dire d’une « pratique » (p. 36) spécifique d’écriture. Du même coup, elles proposent au lecteur (comme le titre, le « nom » du chapitre premier les y prédispose, ou plutôt les y contraint)4 la « lampe d’un éclaircissement indispensable » (p. 33) à la lecture qu’il entreprend ; les « conditions d’une expérience », d’une « pratique » de lecture.
2Le texte, en son commencement, semble décrire, en clair, les « contraintes » qui le produisent, règlent sa forme et régissent son sens (écriture au présent, sans ratures ni repentirs ; absence de tout plan préétabli ; exigence de véridicité…) et le triple dispositif structurant qu’elles génèrent (linéarité du Récit principal ; expansions des Incises ; divergences des Bifurcations). Mais cette mise au clair, cette révélation (au seul sens technique, photographique du terme) d’un pro-gramme d’écriture n’est que partielle, inachevée. Et cet inachèvement est lui-même programmatique : « ‘Le grand incendie de Londres’ devait inscrire en lui-même, dans son propre mode de composition, la “clandestinité programmatique