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La Lisibilité de la traduction
Le traducteur donne un texte à lire, une traduction qui, dans sa secondarité, renvoie elle-même à un original écrit dans une autre langue. Ce n’est donc que dans son rapport à la lisibilité de l’original que peut être pensée la lisibilité de la traduction. Qu’en est-il de cette lisibilité ? La question amène diverses positions : le refus du mot à mot, pour une traduction selon l’esprit ; ou au contraire une traduction selon la lettre, qui se distingue cependant du mot à mot. Il y va d’abord de la « déconstruction » d’un régime de la traduction qui nous appelle à une « sortie désespérée » ; d’une traduction à pertes et profits, qui sache revendiquer sa perte ; du rapport dialectique entre lisibilité et illisibilité, dans un trajet qui maintient en analogie le lien entre la traduction et son original. La traduction est une expérience, dans la traduction même ou dans sa lecture, à comparer les traductions de poèmes qui se situent au bord même de leur possibilité, de leur traductibilité et donc de la lisibilité de leur traduction ; c’est le seuil d’un autre monde, celui du texte biblique, dont la traduction souligne la radicale étrangeté ; c’est la traduction d’une œuvre qui se pense déjà comme traduction, dans une « contre-langue » qui résiste à l’usure ordinaire. La traduction a son histoire, qui nous offre diverses perspectives : celle d’une traduction « naturalisante », dans la France du XVIe siècle, en visant le naturel de la langue d’abord dans l’original, puis dans la traduction, dans une traduction imitative qui ne restreint pas ses sources au texte à traduire ; celle d’une réflexion, au début du XXe siècle, sur la possibilité même de la traduction, d’une traduction qui s’inscrit dans la métaphoricité générale du langage ; celle, enfin, qui se pense aujourd’hui, en Argentine, d’abord comme écriture, parfois partagée, pour la poésie, entre la poétique de l’original et celle du traducteur.
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